La TERRE CRUE utilisée dans la construction d’une école
La terre crue utilisée dans la construction d’un groupe scolaire à Nanterre, c’est une première !
Rédigé par Pascal THOMAS, toa architectes associés
Le retour de la terre crue dans l’architecture, une première en Ile-de-France !
Longtemps délaissée au profit du béton, la terre crue fait son retour dans l’architecture contemporaine. Ses qualités exceptionnelles tant sur le plan hygrothermique, que d’un point de vue phonique ou même écologique, donnent à ce matériau naturel toute sa pertinence.
Pour la construction du nouvel établissement scolaire de Nanterre Université, nous avons fait ce choix, guidés par une réflexion sur l’école à énergie positive et une approche bioclimatique visant à optimiser les qualités intrinsèques du bâti.
Le groupe Scolaire Miriam-Makeba qui accueillera 12 classes (élémentaires et maternelles) ainsi qu’un centre de loisirs, sera donc le premier bâtiment accueillant du public, dont les murs sont en terre crue ! une première en Ile-de-France !
Sa construction a démarré en novembre 2016.
Pourquoi avoir fait le choix de la terre crue (pisé) ?
La terre crue est un matériau naturel, disponible en abondance, et pourvu de multiples qualités. Comme le bois, la pierre ou les fibres végétales, la terre crue a de formidables vertus écologiques.
Ne nécessitant pas de cuisson, sa transformation est peu énergivore, d’où un bilan carbone faible, qui plus est, si elle est sourcée localement.
Par ailleurs, sa densité élevée lui confère une forte inertie thermique qui permet de stocker de la chaleur solaire et de la restituer plus tard, d’où une précieuse capacité à réguler les écarts de température entre le jour et la nuit, l’été et l’hiver.
La terre crue a également comme spécificité, de réguler l’hygrothermie de l’air intérieur. Le confort intérieur d’une pièce dépend étroitement de la température et du taux d’humidité dans l’air. L’intérêt de la terre crue réside dans sa capacité à absorber une quantité d’humidité plus importante que la plupart des autres matériaux de construction. Ainsi, en absorbant l’humidité quand elle est en excès puis en la restituant quand elle manque, la terre crue permet d’améliorer le confort intérieur. (lire l’interview de Martin Pointet sur les qualités de la terre)
Nous avons donc choisi de proposer ce matériau naturel et écologique qui fait l’originalité de ce projet de construction. Ainsi les murs de l’école Miriam-Makeba seront en pisé (terre crue). Les parties pleines du rez-de-chaussée (façade, clôture des cours) et les murs intérieurs des couloirs au rez-de-chaussée et 1er étage seront constituées, outre la structure porteuse en poteaux/poutres béton armé, de murs en pisé (terre crue) mis en œuvre avec des banches.
Les premiers voiles intérieurs en pisé sont déjà sortis de terre !
La terre crue, possible alternative au tout-béton
La construction en terre crue est une alternative à la logique du tout-béton, aujourd’hui très questionnée notamment du fait du caractère épuisable des ressources en sable.
Une préoccupation environnementale qui nourrit notre réflexion sur l’architecture durable et les solutions permettant de préfigurer la ville de demain. Une ville pensée pour être peu énergivore, plus humaine et douce, laissant une large place à la nature, au végétal, recréant du lien social, des lieux de vie, favorisant une mobilité fluide … où l’art côtoie l’utile et prend formes sous les jeux d’ombre et de lumière, où l’éphémère n’a de place que pour émerveiller durablement. Une ville dessinée pour les hommes, et qui n’impacte que peu – ou positivement – la terre et son écosystème.
En d’autres termes, la terre crue est une formidable opportunité de réintroduire la nature au cœur des villes, espace de respiration, d’évasion, d’inspiration et de régénération d’une biodiversité locale.
La construction en terre crue comme solution de recyclage et de valorisation en seconde vie, des déblais de terre ?
Une fois le projet lancé, il est apparu que l’utilisation de la terre crue pouvait être une solution pour recycler les nombreux déblais de terre générés par les grands travaux, notamment ceux du Grand Paris. Disponible en abondance, ce matériau naturel, utilisé depuis la nuit des temps, devrait ainsi pouvoir retrouver sa place parmi les matériaux de construction plébiscités pour leurs vertus environnementales. (lire article Le Monde).
Pascal Thomas, ARCHITECTE D’ENSAIS / toa architectes associés