Innovation et architecture durable, une tradition pour la ville de Nanterre …
Rencontre avec Jean-Paul CIRET, Maire adjoint de la Ville de Nanterre
Aujourd’hui Maire adjoint, il est en charge de l’Environnement et du Patrimoine communal.
Convaincu que les questions environnementales doivent être au cœur d’une réflexion commune et qu’elles ouvrent le chemin vers une ville plus humaine et responsable, Jean-Paul Ciret nous a confié sa vision sur l’architecture de la ville de Nanterre.
JP Ciret : « La Mairie de Nanterre a une tradition d’innovation en matière d’architecture. Elle s’est préoccupée d’environnement et d’économies d’énergie dès les années 80. Le patrimoine architectural de la ville a très tôt été géré avec une volonté ferme de rechercher la performance dans le domaine de l’environnement. Ainsi, dès les années 2000 les programmes de construction avaient dans leurs cahiers des charges des demandes allant bien au-delà de ce qu’exigeaient les normes et les réglementations en vigueur. Historiquement, la Mairie de Nanterre a toujours été en demande d’une architecture novatrice.
Pour le programme de construction du groupe scolaire Miriam Makeba, la Mairie souhaitait innover. Il a donc été demandé aux équipes de maîtrise d’œuvre de proposer des solutions nouvelles, autres que la construction en bois ».
Pourquoi faire le choix d’un bâtiment à énergie positive ? Pourquoi construire un éco quartier ?
JP Ciret : « La Mairie de Nanterre cherche à être exemplaire et en avance sur les normes et réglementations en vigueur. C’est une volonté politique d’aller de l’avant. Les bâtiments doivent, dans la mesure du possible, produire plus d’énergie qu’ils en consomment, c’est l’objectif que s’est fixé la ville pour les bâtiments publics neufs. Par ailleurs, Nanterre a été l’une des premières communes à se doter d’un Plan Climat Énergie Territorial.
Les questions environnementales mobilisent pleinement les équipes de la Mairie, il y a une synergie de tous sur ces enjeux.
Nous avons par ailleurs mis en place un programme de remise à niveau des performances énergétiques des bâtiments existants en utilisant, notamment, la procédure des contrats de performance énergétique. »
Qu’est ce qui guide votre démarche environnementale ? Est-ce une réflexion sur la nature et le biomimétisme ou une volonté sociale de cultiver le vivre ensemble ?
JP Ciret : « Nous sommes convaincus que l’activité humaine augmente significativement le réchauffement climatique. Le fait de s’interroger ensemble sur les conséquences de nos actions sur la planète permet à tout le monde de se resituer dans un contexte d’enjeux plus vaste. La préoccupation environnementale ne permet pas de résoudre les problèmes sociaux mais elle permet de créer une réflexion commune et de co-construire ensemble une ville qui soit inclusive pour tous. »
Qu’est-ce qui vous a plu dans la proposition de toa architectes associés d’utiliser la terre crue comme matériau de construction pour le groupe scolaire Miriam Makeba ?
JP Ciret : « La terre crue est un matériau de construction connu et très utilisé dans de nombreuses régions du monde, pas seulement en Afrique.
Plus que la terre crue c’est le positionnement du projet dans son environnement qui a été décisif pour le jury. Les projets concurrents cherchaient à exister au milieu des immeubles de grande hauteur environnants, en proposant des approches très monumentales. La proposition de toa architectes associés d’assumer la fonctionnalité du groupe scolaire en proposant un bâtiment de faible hauteur offrant un jardin sur le toit à la vue des autres a été appréciée. Le mélange des matériaux et l’esthétique sobre permettait d’avoir une image forte dans la ville, nécessaire à cet endroit stratégique.
Le jury a d’ailleurs sélectionné le projet de toa architectes associés sous réserves que la maitrise d’œuvre puisse apporter la preuve de la résistance du matériau et de ses facilités d’entretien.
Les équipes de la ville ont appris ce que c’était que construire en terre crue en même temps que la maitrise d’œuvre. La Mairie a demandé à la maitrise d’œuvre de fournir les preuves de la pertinence de l’utilisation de la terre crue dans la construction du groupe scolaire tout au long des études. Toutes les phases du projet ont été validées par les instances politiques de la Mairie. La validation du maire a été demandé à chaque phase du projet. »
Pourquoi avoir choisi le nom Miriam Makeba pour cette école ?
JP Ciret : « Miriam Makeba est le nom d’une femme qui a une réputation internationale. Choisir de faire porter son nom à une école située près du boulevard des provinces françaises était important car nous voulions rendre un hommage à la francophonie. »
Quelle est votre vision de la ville de demain ?
JP Ciret : « La ville a été pensée en opposition à la nature. La ville c’est le lieu dans lequel les hommes n’ont pas « d’activité de mise en valeur » de la nature. Or l’extension de la taille des villes et l’accroissement de la population urbaine vont nous obliger à réintroduire la nature dans la ville pour limiter le réchauffement climatique, s’adapter aux dérèglements et apporter plus de bien-être aux citadins.
Nous sommes en train de chercher des nouveaux modèles d’urbanisme qui permettraient de libérer des espaces dans les villes, en réduisant l’emprise au sol des bâtiments réservés à l’activité humaine. Nous pourrions ainsi dégager des espaces, en pleine terre, pour permettre à la nature d’exister au cœur de nos villes sans reproduire les erreurs de l’urbanisme des grands ensembles. Toutes les expériences que nous menons sont des étapes dans la recherche de ces nouveaux modèles. »
Propos recueillis par Pascal THOMAS, toa architectes associés